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Evere
Evere - "Résidence Camargue"
vendredi 12 septembre 2008, par
Dans ce années là, par centaines elles ont surgi, les tours en béton et plexi...
Tour de béton
– Tour en béton
Tour de bâton
Tour à tour...
Trêve de détours
J’y suis – j’y vis
Dans ma tour en béton
et est-ce dérision ?
Je m’y sens bien
Dans ma tour en béton.
Pour l’amarrer à ce sol de marais
Longtemps les engins aux dents d’acier
Ont travaillé, creusé,
Extrait la glaise et l’argile
Pour les remplacer par le béton plus solide.
Pour l’élever jusqu’au ciel bas
Les corps de métiers ont longtemps œuvré.
En ce siècle de vitesse,
Il en faut de la constance pour patienter
Jusqu’à ce qu’un immeuble soit terminé.
Enfin, il est là, ni trop haut, ni trop bas,
Je vis à ses pieds, ou presque
Et n’en suis pas écrasée.
Derrière ma cage vitrée,
Je regarde les oiseaux en liberté,
Le lierre et le sureau bruissant de leurs couvées,
Les jardins potagers, ultimes refuges des verts qui s’ignorent,
Et je suis la terre que remue la bêche,
Et je suis la feuille dans le vent.
Et tout à l’heure, si l’envie m’en prend,
Je serai la citadine, emportée par le tram vers la ville,
Vers ses lumières joyeuses, dans sa chaleur humide,
Et déjà je salive, à l’idée de la bonne bière,
Que je dégusterai à petits traits,
Afin de rafraîchir mon corps las de marcher..
Evere, 1980